La tomosynthèse est la dernière
innovation technologique en matière de mammographie.
Elle est amenée à remplacer la radiographie classique du sein. C’est la
conviction de la Dre Anne-Pascale Schillings, radiologue sénologue à la
clinique du sein de la Clinique Saint Pierre à Ottignies.
En quoi la tomosynthèse est-elle innovante ?
Anne-Pascale Schillings - La mammographie conventionnelle est une imagerie
bidimensionnelle, tandis que la tomosynthèse est une imagerie
tridimensionnelle.
Cette mammographie 3D est une technologie révolutionnaire dans le dépistage du
cancer du sein. Elle est plus efficace que la mammographie classique, car elle fournit une
image plus claire et plus nette du sein.
Ainsi, les radiologues peuvent mieux détecter les anomalies et, ensuite, mieux
préciser leur taille, leur forme, leur nombre et leur localisation.
Pourquoi ?
La mammographie normale est une radiographie classique qui superpose
toutes les structures du sein, tandis que la tomosynthèse est une technique
qui découpe le sein en petites tranches fines de 1 millimètre, ce qui élimine
les superpositions et offre une meilleure visualisation.
Cela permet parfois de détecter des cancers invisibles sur une mammographie
classique. En outre, cela évite de créer de fausses images. une mammographie
classique peut par exemple faire apparaître une tache dans le sein, qui
ressemble à un cancer, alors qu’il s’agit simplement de la superposition de
deux glandes. On détecte donc plus de cancers, en même temps que l’on
déclenche moins de fausses alertes.
La tomosynthèse a-t-elle évolué depuis sa création ?
Un tout nouveau système vient de faire son apparition et fonctionne depuis la mi-février dans notre clinique du sein : le C-View. Cette innovation permet de faire l’économie de la mammographie normale et de ne plus faire que la tomosynthèse. La patiente est donc soumise à deux fois moins de rayons. Le C-View a aussi l’avantage de mieux montrer les anomalies.
L’innovation au service du dépistage
Radiographies 3D, logiciel C-View : la mammographie a connu des évolutions
impressionnantes ces dernières années. Les explications de la Dre Sophie
Vandewalle.
Qu’est-ce qu’une mammographie et en quoi a-t-elle évolué dernièrement ?
La mammographie est une radiographie du sein qui consiste à comprimer le
sein pour obtenir une image en deux dimensions (2D). Sur l’image obtenue, il
existe donc une superposition de la glande mammaire.
Mais grâce à la tomosynthèse, la mammographie peut désormais être effectuée en
3D, ce qui offre un examen plus complet et précis. Sur l’image 3D, le sein est
“découpé” en petites tranches fines d’un millimètre qui sont séparées, sans
superposition. Le médecin peut parcourir l’image 3D et observer le sein sous
différents axes, en haut, au milieu, en bas.
Quels en sont les avantages ?
L’image 3D ou tomosynthèse permet d’observer le sein sans superposition de
couches. Le résultat est donc plus clair à analyser, les anomalies y sont plus
faciles à dépister, leur forme et leur taille y sont mieux estimées. Certaines
“désorganisations architecturales”, qui peuvent représenter des lésions
bénignes, mais également des cancers, sont parfois visibles en 3D alors
qu’elles ne le seraient pas forcément en 2D. Cette technologie permet donc de
détecter des cancers très jeunes.
En quoi cette technique a-t-elle évolué dernièrement ?
La tomosynthèse existe déjà depuis quelques années, mais elle a connu une forte avancée récemment avec
l’arrivée du système C-View. Cette innovation technologique permet de recréer
une image 2D à partir de l’image 3D. Plutôt que de réaliser deux examens, la
patiente peut donc effectuer uniquement la tomosynthèse et le logiciel C-View
recréera la mammographie traditionnelle à partir du résultat 3D.
Il s’agit d’une avancée considérable, car la patiente subit deux fois moins
d’irradiation. La tomosynthèse était réservée aux cas à risque, mais grâce au
C-View, ce n’est plus le cas : elle peut devenir un examen de routine.
La mammographie 3D est-elle donc devenue un réflexe pour les professionnels
partout au monde ?
Malheureusement, ce n’est pas encore le cas, mais j’espère qu’elle le deviendra. Idéalement, il faudrait que la tomosynthèse soit intégrée dans le dépistage organisé et qu’elle remplace petit à petit la mammographie traditionnelle.